Nikita Sergeïevitch Khrouchtchev, (17 avril 1894 - 11 septembre 1971), (en cyrillique Никита Сергеевич Хрущёв, prononcé [xruʃʧʲof]) homme politique soviétique et secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) et, depuis 1958, président du Conseil des ministres (Gouvernement) de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
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Son parcours politique
Nikita Khrouchtchev est issu d'une famille humble, les événements de sa jeunesse sont peu connus. Khrouchtchev sera mobilisé en 1914. Il participa plus tard à la révolution bolchévique de 1917. Il est membre du parti communiste russe et devient membre du Comité Central en 1934. De 1935 à 1937, il est premier secrétaire de la région de Moscou. L'année suivante (1938), il est promu premier secrétaire en Ukraine.
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À la tête de l'URSS
Après la mort de Staline, trois des personnalités politiques les plus influentes en URSS se disputent le pouvoir : Gueorgui Malenkov, Lavrenty Beria (chef du KGB), et Khrouchtchev. La situation tournera en faveur de Khrouchtchev qui sera élu en septembre 1953 premier secrétaire du parti communiste, jusqu'à son éviction en 1964.
À son arrivée au pouvoir, Khrouchtchev amorce une critique de la période stalinienne appelée déstalinisation condamnant surtout le caractère dictatorial et répressif du pouvoir stalinien. L'attaque la plus sérieuse a lieu lors d'une séance de nuit du XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique entre le 24 et le 25 février 1956, il lit un rapport dévastateur sur les écarts de Staline par rapport à la légalité socialiste. Bien que la révélation ait lieu en l'absence de la presse internationale et des délégations étrangères, le rapport est rapidement diffusé de par le monde, et dès le 16 mars, le New York Times en publie des extraits. Le pouvoir soviétique est alors obligé de reconnaître l'authenticité du rapport. C'est le coup d'envoi de la politique officielle de déstalinisation. Très vite, des articles paraissent sur le culte de la personnalité qui le qualifient de venin. Peu à peu, on assiste à la réhabilitation des victimes de purges et des répressions. Ceux qui étaient envoyés en prison ou déportés commencent à revenir.
S'opère alors un tournant dans la politique intérieure faisant passer le pays d'une guerre civile permanente à une paix civile. Ce revirement politique a pour visée première la reconstruction économique du pays. Les privilèges du socialisme sont considérés comme des acquis pouvant à eux seuls, assurer le développement et la prospérité du pays.
Pour assurer la prospérité du pays, Khrouchtchev entreprend deux réalisations majeures :
• Le développement accéléré de l'agriculture.
• La construction d'habitations.
Les grandes réformes qu'il lance tombent souvent à l'eau car elles ne sont pas suffisamment organisées. Par exemple, après sa visite aux États-Unis, impressionné par les champs de maïs américains, il exhorte les Russes à cultiver cette plante. Mais cette céréale ne peut s'adapter que sur une toute petite partie du territoire, et cette grande campagne agricole est un échec cuisant. Elle lui vaudra le surnom de « Monsieur Maïs » (Koukourousnik).
Bien qu'ayant entamé la déstalinisation et prôné la coexistence pacifique, cette période sera marquée par des évènements comme l'insurrection hongroise (1956), la construction du mur de Berlin (1961) et le bras de fer qui l'opposa à Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba en 1962. Il rencontra le président Eisenhower lors d'un voyage aux États-Unis en 1959.
Joseph Vissarionovich Djougachvili (en russe Иосиф Виссарионович Джугашвили, en géorgien : იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი Iosseb Bessarionis dze Djoughachvili) (21 décembre 1879 - 5 mars 1953), généralement connu sous le nom de Joseph Staline (Иосиф Сталин), a dirigé l'Union soviétique pendant près de trente ans. D'abord surnommé Sosso (fade) pendant son enfance. Aussi appelé Koba (d'après un héros populaire géorgien). Le nom Staline a été le sien durant les années de clandestinité, il provient du mot russe сталь (stal) qui signifie acier. Son surnom officieux etait bistro de par son fort penchant pour la vodka.
Son personnage et son action sont encore source de vives voire violentes polémiques. Son souvenir est néanmoins associé à la victoire militaire de l'URSS contre l'Allemagne nazie dont Churchill dira à la fin de la guerre : « nous avons tué le mauvais cochon (wrong pig) », thème repris par Orwell. Continuateur du système mis en place sous Lénine, il contribua à faire de l'URSS un « pays développé » non sans excès : déportations massives, exécution d'opposants, dont Léon Trotsky...
Joseph Staline en 1894
Né à Gori, en Géorgie de parents paysans illettrés, son caractère difficile serait selon certains la conséquence du caractère oppressif de son père Vissarion, créant en lui un désir de rébellion, encore absent à l'époque de l'enfance. Sa mère, fervente orthodoxe, le pousse vers la prêtrise, et tente par tous les moyens de financer ses études qu'il poursuit jusqu'en 1898 avec succès. Après la réussite de ses examens, Joseph Vissarionovich entre au séminaire de Tbilissi et y reste jusqu'à vingt ans.
Au Séminaire, il suit divers cours, dont lectures des textes saints, religion, droit, etc. Joseph Vissarionovich n'entre pas encore en contact avec le marxisme. Ce n'est qu'en 1899 qu'il commence à se montrer rebelle à l'autorité du Séminaire. Mais son attitude ne peut encore être qualifiée de révolutionnaire. Après avoir reçu plusieurs corrections pour lecture de livre interdits et malgré les faveurs que lui accorde le recteur du Séminaire, il est expulsé en 1899 pour absence à l'examen de lectures bibliques ; l'expérience au Séminaire marquera le futur dirigeant soviétique jusqu'à la fin de sa vie, comme par exemple, dans un texte de 1905, paru dans la Proletariats Brdzola, où il écrit :
« Ce serait profaner ce qu'il y a de plus sacré dans le parti que de donner à un bavard le nom de membre du parti, c'est-à-dire de dirigeant de l'armée des prolétaires. Le Parti, par l'entremise du Comité Central conduit dignement en avant cette armée sacrée. »
Joseph Vissarionovich commence alors sa carrière de révolutionnaire, de manière clandestine, sous le surnom de Koba (Ours). Il se fait arrêter à de nombreuses reprises pour activités suspectes avant d'être déporté plusieurs fois en Sibérie. Il s'évade en 1904 et adhère à la faction bolchévique du P.O.S.D.R.. C'est à cette époque qu'il rencontre pour la première fois Lénine. Il en fit un récit naïf en 1924, une semaine après la mort de ce dernier :
« Lorsque je le comparais aux autres dirigeants de notre Parti, il me semble toujours que les compagnons de lutte de Lénine –Plekhanov, Martov, Axelrod et d’autres encore– étaient moins grands que lui d’une tête ; que Lénine comparé à eux, n’était pas simplement un des dirigeants, mais un dirigeant de type supérieur, un aigle des montagnes, sans peur dans la lutte et menant hardiment le Parti en avant, dans les chemins inexplorés du mouvement révolutionnaire russe. […] »
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L'accession au pouvoir
Staline en exil, 1915
Après la chute du régime tsariste lors de la Révolution de février 1917, Staline, à peine de retour d'une longue déportation en Sibérie, prend en main la direction du Parti à Pétrograd. Il prône alors la politique du « soutien critique » au gouvernement provisoire réformiste bourgeois d'Alexandre Kerensky. Néanmoins, dès le retour d'exil de Lénine, il se rangera très rapidement aux Thèses d'Avril. Celles-ci avançaient l'idée que la tâche des bolcheviks était de préparer la révolution socialiste, seule à même, selon Lénine, de donner le pouvoir au peuple et d'arrêter la guerre.
Staline, d'origine géorgienne, est nommé Commissaire aux Nationalités dans la nouvelle administration. Il en gravit les échelons et devient Secrétaire général du parti' le 3 avril 1922, poste dont il va faire le plus important du pays
Le stalinisme
L'accès au pouvoir suprême
Comme Léon Trotski, Staline se réclame à la fois du marxisme et du léninisme. Dans les années 1920, Staline s'empare progressivement du pouvoir en excluant du Parti ceux qui s'opposent à lui et en éliminant - politiquement, puis physiquement - ses éventuels rivaux. En 1926, il est à la tête de l'URSS et du Komintern (IIIe Internationale rassemblant l'ensemble des partis léninistes). En 1928, il expulse Trotski de l'URSS qui s'exile et trouvera asile au Mexique.
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Le début de la dictature
Staline met fin au timide libéralisme économique entamé en 1922 par Lénine sous le nom de Nouvelle politique économique (NEP). Commence alors une politique de nationalisation systématique ; on envoie les opposants politiques (y compris léninistes) dans des camps de travail : les goulags. Staline théorise sa politique sous le nom de marxisme-léninisme : socialisme dans un seul pays, centralisme démocratique à l'intérieur du Parti, priorité accordée à l'accumulation du capital, au développement des moyens de production et à l'industrie lourde. Un tournant réactionnaire est également effectué dans le domaine des moeurs : interdiction de l'avortement (qui était aussi interdit dans tous les autres pays), rétablissement des peines de prison contre les homosexuels (ce qui était également pratiqué dans quelques pays occidentaux), culte de la « famille socialiste ». Certains marxistes se réclamant de Lénine s'opposent alors au marxisme-léninisme de Staline : les trotskistes dénoncent la dictature à l'intérieur du Parti, les bordiguistes dénoncent la politique économique de Staline comme une forme de capitalisme d'État. Voir Procès de Moscou. En 1938, Trotski fonde la IVe Internationale rassemblant tous les partis trotskistes. Il est assassiné par Ramon Mercader, un agent de Staline en 1940
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La Seconde Guerre mondiale
Staline décide préalablement d'agresser la Finlande, mais ses armées échouent lamentablement face à ce petit pays. En août 1939, Staline signe avec Hitler le pacte germano-soviétique alors qu'il avait essayé depuis le milieu des années 1930 de se rapprocher de la France et de l'Angleterre, l'URSS envahissant illégalement la Pologne avec l'Allemagne en 1939. Ce pacte prend fin en juin 1941 avec l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht. Staline est tout d'abord prostré et demeure sans réaction face à l'agression nazie, il faut dire que les purges de l'avant-guerre, en particulier en 1937, ont littéralement décapité l'Armée rouge, puisque la quasi-totalité des généraux et maréchaux ont été éliminés. De plus, Staline a refusé les rapports qui le prévenaient depuis de longs mois de l'imminence de l'invasion, allant même jusqu'à faire liquider ceux qui s'en font écho avec trop de véhémence. Il tient beaucoup à l'époque à conserver de bons rapports avec Hitler. Ce n'est qu'en se fiant plus à ses officiers supérieurs qu'il parviendra à renverser le cours de la guerre. De 1943 à 1945, l'URSS arrête puis finit par repousser les troupes de Hitler. L'Armée rouge finit par prendre Berlin.
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L'après-guerre
Les pays d'Europe de l'Est traversés sont placés sous le contrôle de l'Armée rouge et y restent après la Conférence de Yalta. Staline leur impose le modèle soviétique, notamment par le coup de Prague en 1948 et des gouvernements fantoches. Il crée en 1947 le Kominform, une nouvelle Internationale dirigée par le PCUS (Parti Communiste d'Union des républiques socialistes soviétiques et rassemblant quelques partis communistes européens. En Asie, la politique stalinienne de l'après-guerre suit un cours sinueux : soutien au sionisme entre 1946 et 1950, accueil très réservé fait à la révolution chinoise, politique prudente en Corée.
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Le « legs politique »
Staline meurt en mars 1953 d'une hémorragie cérébrale. Il est remplacé par Nikita Khrouchtchev à la tête du pays. En 1956, l'URSS rompt officiellement avec le stalinisme au cours du XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique, mais réprime dans le sang l'insurrection de Budapest en Hongrie en octobre 1956. Par la suite, seules la République populaire de Chine de Mao Zedong et l'Albanie de Enver Hodja se réclameront ouvertement de Staline, et jusqu'à la mort de Mao Zedong en 1976. Même aujourd'hui (2005), la critique de Staline n'est pas à l'ordre du jour en Chine populaire.
Aujourd'hui, sur le plan international, plusieurs partis communistes : PC de Grèce (KKE), divers PC de Russie : Parti communiste bolchevik de Nina Andreeva, Russie laborieuse de Viktor Anpilov, Parti communiste ouvrier de Russie de Viktor Tioulkine, Union des PC russe/biélorusse de Chénine, Parti du travail de Belgique, entre autres ont réévalué hautement l'œuvre et les mérites de Staline. D'autres groupes maoïstes continuent à se réclamer plus ou moins directement de Staline : guérilla népalaise, Sentier Lumineux au Pérou, ou en France l'URCF (Union des révolutionnaires communistes de France). En Russie, le culte de Staline n'est pas exclusivement le fait de nostalgiques du régime. Il est également propagé par des milieux ultra-nationalistes qui considèrent que le mérite essentiel de Staline a été de créer un État fort incarnant le destin de la nation russe. Ce culte est généralement associé à l'antisémitisme. La plupart des staliniens considèrent que ce sont des juifs qui ont incarné les tendances les plus internationalistes du marxisme (Trotsky, Rosa Luxemburg, Zinoviev, Kamenev, etc.) - il faut d'ailleurs préciser que Karl Marx était lui-même juif...
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Bilan des crimes de Staline
• 1922-1953 : déportation continue de centaines de milliers d'opposants réels ou supposés, emprisonnements arbitraires, interdiction de toute contestation de la personne de Staline.
• 1930-1932 : déportation de deux millions de koulaks (paysans aisés) dans les goulags.
• 1932-1933 : Staline accule selon certains auteurs délibérément les ukrainiens à la famine : entre 4,5 et 7 millions de morts. Cependant, cela peut être discutable dans la mesure où les exportations soviétiques en 1932 et 1933 étaient inférieures à deux millions de tonnes, soit moins que la moyenne des années précédentes et suivantes. Selon certains chercheurs (ex : Tauger ou Wheatcroft) la famine est due à une très mauvaise récolte en 1932 et à l’abandon partiel des populations par le régime. La famine était probablement évitable mais peut-être pas organisée.
• 1937-1938 : la Grande Purge élimine 690 000 personnes.
• printemps 1940 : massacre de Katyń (élimination de près de 22 000 prisonniers de guerre polonais)